Récit d’une descente hors norme
Perché à 2877 m d’altitude, le Pic du Midi de Bigorre est le phare bienveillant qui veille sur cette mer de crêtes et de sommets que sont les Pyrénées. Il n’est pas le plus haut sommet, mais ce point de mire qui recueille tous les regards des plaines environnantes. Visible en effet depuis des centaines de kilomètres, en avant de la chaîne, il porte aussi fièrement une histoire atypique, celle de sa conquête par les scientifiques. Lieu d’observation, de découverte et de recherche, le pic est le théâtre depuis plus de 150 ans de bien des avancées scientifiques, notamment en matière d’astronomie.

A la fin du XIX° siècle, la partie sommitale du Pic du Midi se voit parée des premières pierres dédiées à la construction d’un observatoire, qui deviendra de renommée mondiale. Les travaux sont titanesques, tout est montée à dos de mules et d’hommes, il faudra attendre 1952 pour voir l’installation du premier téléphérique. Aujourd’hui encore, le site scientifique est un lieu réputé d’observation astronomique, notamment celle du soleil grâce à la présence du coronographe.
Le Pic du Midi de Bigorre a aussi marqué l’histoire par un autre fait que peu de gens connaissent.

Ici, toute l’année, les scientifiques côtoient les touristes du monde entier venus admirer la vue panoramique à 360 °sur les Pyrénées. L’hiver un autre type de bipède foule le sol du Pic du Midi et se mêle aux visiteurs des hauteurs… arnachés des équipements de sécurité, sacs airbag, arva, …les skieurs ou snowboardeurs, amateurs de sensations fortes, bravant la pente et parfois les conditions de la haute montagne… les voilà claudiquant en chaussures de ski dans les couloirs du Pic ! Le site affiche alors une mixité insoupçonnée…

9h15…le bip de départ de la première benne retentit à nos oreilles… le cabinier invite tous les passagers, piétons désireux de s’élever dans les airs, skieurs extrêmes, ou néo freeriders, à prendre place dans le téléphérique. Les portes se ferment… plus question de faire demi-tour ! Enfin si…mais réellement, la pression monte autant que l’extase de s’approcher du sommet convoité. Les couloirs se dessinent, on distingue des traces de ski même dans des faces seules adorées des isards…
Au pic des sensations
Arrivés à destination, “bonne visite” à certains, “bonne descente” aux autres, lance le cabinier. Sur la terrasse du Pic, un animateur dresse une visite panoramique à un petit groupe de visiteurs en baskets ou moon boots et doudounes dans un discours bien sonné sur les pics fabuleux des Pyrénées. La porte claque, un coup de vent, sort alors un groupe de 4 skieurs arnachés, chaussures déjà bien serrées, ils viennent jeter un coup d’œil plongeant sur les différentes faces du pic, choix cornélien ce matin, la classique… roche noire … le débat est lancé sur le meilleur itinéraire à suivre ce matin.

Au fond de la terrasse et de la coupole Lyst, une passerelle transparente jetée dans le vide amuse les touristes, sensation de vertige et d’apesanteur pour les visiteurs, le guide Matthias prend en photo son couple de client du jour, chaussures de ski sur le plexi !
Allez on passe aux choses sérieuses, direction les couloirs en béton banché du pic, entre maillés d’ouvertures plongeantes sur… le vide, couloir des poubelles (un des couloirs le plus difficile de la descente du Pic du Midi), l’adrénaline commence à irradier les corps…Quelques escaliers à grimper puis le guide ouvre la porte qui donne sur l’extérieur… changement d’ambiance, mur de neige, vent fort et cinglant à la face ses cristaux de neige… et sur la porte ce message « RETOUR NON AUTORISE »…
“RETOUR NON AUTORISE”

Avant de franchir la porte, le jeune couple se jette un regard quelque peu hésitant mais Mathias, le guide les enlace de sa voix apaisante : Venez-vous équiper… Il check les DVA, positionne les skis sur l’aire de chausse et s’assure que tout est ok. En haut de la face, les jambes viennent un peu à manquer, mais une main sur l’épaule, la voix rassurante de Mathias fait l’effet d’un bon cachet apaisant. Skis chaussés, la descente peut commencer, les cœurs s’apaisent, le plaisir reprend le pas sur l’appréhension.

La pente se déroule sous le pic, sous les yeux des skieurs, une belle face régulière, à gauche, un couloir est attaqué par notre groupe de skieurs chevronnés, sur la crête en contrebas, trois alpinistes marchent dans les pas d’un alpiniste solitaire devant, dessinant une ligne suave sur la montagne… bref la haute montagne est là…
Aventure et pochette surprise
La descente s’enchaîne, par palier, le plaisir du ski et cette vue à 360° sur un univers hors du temps. Crêtes, sommets, couloirs, … la montagne autour de nous commence à nous imprégner intégralement.
Les skieurs descendent vers l’ancienne hôtellerie des Laquets, puis vers le lac d’Oncet, entièrement immaculé de blanc pour rejoindre la station de ski du Grand-Tourmalet.
A l’instar de l’aiguille du Midi ou de la Grave, le Pic ouvre un espace de ski freeride aux initiés ou skieurs accompagnés d’un professionnel. Mais le ski au Pic du Midi, c’est aussi à la fois une aventure et une pochette surprise. Les conditions de neige et de vent vous offrent parfois tous types de neige en une seule sortie. Trois virages sur neige ventée, un mur en poudreuse et un retour en neige de printemps. Du ski hors piste dans les Pyrénées quoi !

Coume du Pic du Midi : 1700 m de dénivelé négatif – 10 km – arrivée Barèges.
Descente possible aussi côté Artigues et retour Navette.
Montée en téléphérique depuis La Mongie.
Notre partenaire : Evasion hors piste
Pic du Midi